Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/360

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Il y a de Titien, dans la garde-robe du duc d’Urbin, deux têtes de femmes très gracieuses ; une Vénus représentée sous la forme d’une jeune femme couchée, tenant des fleurs, et entourée de draperies d’une légèreté et d’un fini extraordinaires[1] ; une tête de sainte Marie-Madeleine aux cheveux épars, qui est une œuvre remarquable[2]. Il faut ajouter les portraits de Charles-Quint, de François Ier quand il était jeune, du duc Guidobaldo II[3], du pape Sixte IV, de Jules II, de Paul III, du vieux cardinal de Lorraine et de Soliman, empereur des Turcs. Tous ces portraits de la main de Titien sont très beaux[4]. En 1541, il peignit, sur le maître-autel des religieux de Santo Spirito[5], à Venise, la Descente du Saint-Esprit, sous la forme d’une colombe, sur les Apôtres. À peine fini, ce tableau fut gâté de telle sorte que Titien fut obligé de le recommencer ; c’est celui que l’on voit à présent.

À Brescia, il fit, dans l’église de San Nazzaro, le tableau du maître-autel divisé en cinq compartiments. Celui du milieu contient la Résurrection du Christ, et les quatre autres : San Nazzaro, saint Sébastien, l’ange Gabriel et l’Annonciation de la Vierge[6]. Dans le dôme de Vérone^ il fit un tableau de l’Assomption de la Vierge, avec les Apôtres dans le bas[7] ; cette œuvre est regardée dans cette ville comme la meilleure des peintures modernes. L’an 1541, il commença à mettre en vogue les portraits en pied, en faisant celui de Don Diego de Mendoza, alors ambassadeur de Charles-Quint à Venise, et celui du cardinal de Trente, alors jeune[8]. Pour Francesco Marcolini, il exécuta un portrait de Messer Pietro Aretino, qui, à dire vrai, n’est pas aussi beau que le premier dont nous avons déjà parlé[9], et que le poète envoya au duc Cosme, ainsi qu’une tête peinte[10] d’après un plâtre moulé sur le visage de Jean de Médicis, quand ce seigneur mourut à Mantoue. Encore en 1541, le Vasari se trouvant à Venise où il avait passé treize mois à peindre un plafond pour Messer Giovanni Cornaro et quelques ouvrages pour la confrérie della Calza, le Sansovino, qui dirigeait la

  1. À la Tribune des Offices.
  2. Au palais Pitti.
  3. C’est peut-être le portrait en pied du Musée de Cassel.
  4. Ceux de Sixte IV et de Charles-Quint sont au palais Pitti.
  5. Église détruite : le tableau est à Santa Maria della Salute.
  6. Tableau en place, peint en 1522.
  7. En place.
  8. Cristoforo Madruzzo, peint en 1548 ; actuellement chez le baron Valentino Salvadori, à Trente.
  9. Au palais Pitti.
  10. Aux Offices.