Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/412

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velles dans leurs attitudes, les compositions et les draperies des figures, pas plus que de nouveaux modes de têtes, et de grandeur dans les différentes parties, car tout cela se trouve réuni dans cette œuvre magistrale, en particulier, dans toutes ces figures debout ou assises, ou soutenant des festons de feuillages, qui portent les armes du pape Jules II, montrant que cette époque et son pontificat étaient bien l’âge d’or de l’Italie, qui n’était pas plongée dans les misères et les calamités qu’elle a éprouvées ensuite. Les figures assises, qui encadrent les petits compartiments, tiennent des disques où sont représentés des sujets peints en couleurs de bronze et d’or, et tirés du Livre des Rois. Le premier compartiment représente Dieu séparant la lumière des ténèbres : on le voit dans toute sa majesté, les bras levés et soutenu par sa seule volonté. Dans le deuxième compartiment, il crée le soleil et la lune ; soutenu par une quantité de petits anges, il est terrible à voir avec un remarquable raccourci des bras et des jambes. Il en est de même, dans le dit compartiment, quand il bénit la terre et crée les animaux en volant ; de quelque point de la chapelle que l’on regarde cette figure en raccourci, elle paraît tourner, mouvement analogue à celui du troisième compartiment, où il sépare la terre des eaux. Seule, la main divine de Michel-Ange était capable d’exécuter de pareilles figures. Vient ensuite la Création de l’Homme ; Dieu, porté par un groupe de petits anges nus, qui paraissent soutenir non pas une figure, mais tout le poids du monde, apparaît dans toute sa vénérable majesté, et tandis que, du bras gauche, il entoure le cou d’un ange, il tend l’autre vers Adam, figure admirable de beauté, d’attitude et de contours, et telle qu’on la croirait faite à nouveau par le Créateur, plutôt que sortie du pinceau et du dessin d’un pareil homme. La composition suivante représente la naissance d’Ève ; on y voit deux figures nues, l’une comme morte par l’effet du sommeil, l’autre née à la lumière et pleine de vie par le geste bénissant de Dieu. Le pinceau de cet artiste plein de génie a entièrement rendu la différence du sommeil et de la veille, et comment on peut exprimer dans toute sa grandeur, et avec des moyens humains, la majesté divine. Le sixième compartiment renferme à la fois Adam, persuadé par un serpent à tête de femme, prenant la pomme, et occasionnant ainsi en même temps sa mort et la nôtre ; ensuite Adam et Ève chassés du Paradis. Dans le geste de l’Ange apparaît avec grandeur et noblesse l’exécution de l’ordre d’un Seigneur irrité, et l’attitude d’Adam reflète à la fois le regret de son péché et la peur de la mort. Pareillement dans la femme on reconnaît la honte et le repentir, tandis que, les mains croisées sur son sein, le cou dans les épaules, et la tête tournée vers l’Ange, elle paraît ressen-