Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/414

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fure et à la disposition des draperies ; elle a les bras nus, qui sont aussi beaux que les autres parties. Le Prophète Joël, qui vient ensuite, a pris un papier et le lit avec autant d’ardeur que d’attention ; d’après son attitude, on voit qu’il se complaît tant à ce qu’il trouve écrit, qu’il paraît être une personne vivante qui s’est appliquée tout entière à quelque occupation. Au-dessus de la porte de la chapelle est assis le vieux Zaccharie qui, cherchant dans un livre une chose sans la trouver, a les jambes inégalement placées, et, tandis que l’ardeur de rechercher ce qu’il ne trouve pas le fait se tenir ainsi, il ne s’aperçoit pas de la fatigue qu’il éprouve dans une si incommode position. Cette figure est très belle, elle reflète la vieillesse, et elle est sommairement rendue, avec peu de plis dans les draperies. La Sibylle Delphique, que l’on voit de l’autre côté de l’autel, et qui montre quelques écritures, n’est pas moins digne d’éloges, avec les enfants qui l’entourent, que les autres Sibylles. Mais qui verra le Prophète Isaïe, qui vient après, jugera que cette figure est tirée de la nature même, qui est la vraie mère des arts ; c’est une figure bien étudiée, qui peut enseigner largement tous les préceptes de la bonne peinture. Plongé dans ses pensées, il a le bas des jambes croisées et, tenant un doigt dans un livre, pour marquer la page qu’il lisait, il a l’autre coude appuyé sur le livre et la joue sur la main ; appelé par un des enfants qui sont derrière lui, il tourne simplement la tête, sans bouger le reste du corps. La vieille Sibylle de Cumes, qui suit, est assise et étudie dans un livre, avec une grâce extrême, et non sans une belle attitude, ainsi que les deux enfants qui sont derrière elle. Le jeune homme, qui représente le Prophète Daniel, est rendu de manière qu’on ne saurait ajouter rien de mieux par la pensée ; écrivant dans un grand livre, il y copie certaines choses qu’il tire d’un autre livre, et avec une ardeur incroyable. Pour soutenir le poids du livre, Michel-Ange a placé un enfant entre ses jambes, et jamais pinceau tenu par quelque main que ce soit ne pourra rendre aussi bien cet ensemble. Il en est de même de la belle figure de la Sibylle Libyque qui, ayant écrit un grand volume tiré d’autres livres, se lève dans une attitude toute féminine, pour se mettre debout, et paraît tout à la fois vouloir se lever et fermer le volume, chose difficile à rendre, pour ne pas dire impossible, par un autre que celui qui l’a composée.

Que dire des quatre sujets qui sont au coin, dans les pendentifs de la voûte ? Dans le premier, David, avec toute la force juvénile qu’il mit à vaincre le géant, va lui couper la tête, au grand étonnement de quelques soldats qui sont autour du camp. Non moins admirables sont les attitudes des deux femmes, dans l’histoire de Judith, qui remplit un