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Celui-ci avait l’intention de le mettre à Saint-Pierre, sous le premier arc de la coupole ; comme il aurait encombré le sol, et qu’en vérité ce n’était pas sa place, Michel-Ange lui dit judicieusement qu’il ne pouvait et ne devait pas y être, ce qui excita la haine de Guglielmo, qui crut que Michel-Ange agissait ainsi par jalousie. Mais, s’étant aperçu ensuite que ce que disait ce dernier était vrai et que lui avait tort, il ne termina pas le tombeau. Je puis en donner la raison, car, l’an 1550, ayant été appelé à Rome par le pape Jules III, Michel-Ange me montra que la vraie place du tombeau était dans une des niches, là où est actuellement la colonne des Possédés. Le pape Jules décida alors de faire élever son tombeau, par symétrie, dans l’autre niche, et sur le modèle de celui de Paul III ; cela ayant contrarié Guglielmo, il ne termina pas son œuvre, et le tombeau de Jules III n’a jamais été exécuté. Ainsi s’est vérifié tout ce que Michel-Ange avait prédit.

Cette même année[1], le pape Jules III approuva le bref du pape Paul III, au sujet de la construction de Saint-Pierre, et bien que la bande de San Gallo lui eût dit tout le mal possible sur la direction présente de cette œuvre, le pape ne voulut rien entendre, Vasari lui ayant montré que Michel-Ange avait vivifié cette construction, et ayant fait en sorte que rien ne devait s’exécuter sans son avis. De même, on ne fit rien à la Vigna Julia sans le consulter, ni au Belvédère où l’on refit l’escalier qui remplace actuellement l’escalier en demi-cercle qui y était auparavant. Il comprenait huit marches, huit autres en demi-cercle, et correspondait à l’escalier intérieur construit antérieurement par Bramante, au milieu de la grande niche, et au centre du Belvédère. Michel-Ange donna le dessin de celui qui existe actuellement, de forme carrée, avec des balustrades en pépérin. Quelque temps avant le commencement de l’année 1551, la bande de San Gallo ouvrit une intrigue contre Michel-Ange, pour pousser le pape à réunir à Saint-Pierre les intendants et ceux qui présidaient à la construction, désireux qu’ils étaient de prouver à Sa Sainteté par leurs calomnies que Michel-Ange avait abîmé la bâtisse. Comme Michel-Ange avait déjà élevé la niche du roi, où sont les trois chapelles qu’il avait surmontées de trois fenêtres, ils ne savaient pas ce qu’il voulait faire sur la voûte, et, avec leur courte vue, ils avaient donné à entendre au vieux cardinal Salviati et à Marcello Cervino, qui fut ensuite pape[2], que Saint-Pierre serait peu éclairé. Le pape le répéta à Michel-Ange devant toute l’assemblée. « Je

  1. 23 janvier 1552.
  2. Sous le nom de Marcel II.