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Florence, pour terminer la sacristie de San Lorenzo. Mais Michel-Ange s’en excusait, disant qu’il était vieux, qu’il ne pouvait plus supporter le poids de pareils travaux : il donnait encore d’autres raisons, concluant qu’il ne pouvait quitter Rome. Finalement, le Tribolo lui demanda comment se terminerait l’escalier de la bibliothèque de San Lorenzo, dont Michel-Ange avait commencé de poser plusieurs pierres. On n’avait aucun modèle, ni aucun renseignement certain sur la forme à lui donner, et, bien qu’il y eût à terre une projection de l’escalier légèrement esquissée avec des briques, on ne connaissait pas le plan définitif. Quelques prières que le Tribolo lui adressât, et bien qu’il y mêlât le nom du duc, Michel-Ange répondit toujours qu’il ne s’en souvenait pas. Le duc Cosme ordonna alors à Vasari d’écrire à Michel-Ange à ce sujet, espérant peut-être que, par l’amitié que Michel-Ange lui portait, Vasari obtiendrait quelque chose, et qu’on pourrait ainsi terminer l’escalier. Vasari lui écrivit donc qu’il était chargé de l’entreprise, et Michel-Ange lui envoya, le 28 septembre 1555, une longue lettre, avec les instructions de laquelle Vasari put construire l’escalier dans la forme où on le voit à présent.

Il lui écrivit encore, vers ce moment, que le pape Jules III étant mort, et ayant été remplacé par le pape Marcel, la bande qui lui était contraire, profitant de l’élection du nouveau pontife, recommençait à lui causer des ennuis, ce qu’apprenant, le duc, qui désapprouvait ces procédés, lui fit écrire par Vasari de quitter Rome et de revenir à Florence, ajoutant qu’il ne désirait rien tant que ce retour, voulant s’inspirer de ses conseils pour toutes ses constructions ; que Michel-Ange aurait de lui tout ce qu’il désirerait, sans avoir rien à faire de ses propres mains. Mais, le pape Marcel étant mort, quand Michel-Ange alla baiser le pied au nouveau pape, Paul IV, celui-ci lui fit les offres les plus avantageuses pour le maintenir à la tête des travaux de Saint-Pierre et en assurer la fin. Michel-Ange écrivit au duc pour le remercier et lui dire qu’il ne pouvait se mettre à son service. Il disait pour s’excuser qu’il avait sa maison à Rome, avec toutes ses commodités, qu’elle valait plusieurs milliers d’écus, que, quant à lui, il souffrait des reins et de la gravelle, comme tous les vieillards, ce que pouvait attester Maestro Eraldo[1], son médecin, grâce à qui, après Dieu, il était encore en vie ; que pour toutes ces raisons, il ne pouvait partir de Rome, et ne demandait plus qu’à mourir en paix. Écrivant à Vasari, il lui recommandait de l’excuser auprès du duc, et certainement, s’il avait été en état de

  1. Realdo Colombo.