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de Fernand Mendez Pinto.

qu’elle euſt peu continuer cette guerre encore autre vingt iours, elle les euſt tellement affamez, qu’ils euſſent eſté contraincts de ſe rendre. Mais dautant qu’en ce temps-là il plût continuellement à cauſe du climat ; ioint que la terre eſtoit pleine de buiſſons, & de mareſcages, & que les fruits dont ils ſe nourriſſoient dans les bois, ſe pourriſſoient tous ; ſi bien que la pluſpart de ſes gens eſtoient malades, ſans qu’en ce lieu on leur peuſt donner aucun remede, ny ſecours ; la Royne fut contrainte de s’en aller vers vne riuiere nommée Minhaçumbaa, qui eſtoit à cinq lieuës de là, ſur laquelle s’eſtant embarquée dans ſeize vaiſſeaux à rames, tels qu’elle les pût aſſembler, leſquels eſtoient Paroos de peſcheurs, & auec iceux s’en vint à Malaca, ſur la creance qu’à ſon arriuée on ne luy refuſeroit rien de ce qu’elle pourroit demander.




De la reception qui fut faite à la Royne d’Aaru, à ſon arriuée à Malaca, & de ce qui ſe paſſa entre elle, & Pedro de Faria, Capitaine de la fortereſſe.


Chapitre XXIX.



Pedro de Faria eſtant aduerty de la venuë de la Royne, l’enuoya receuoir par Aluaro de Faria ſon fils, & Capitaine General de la marine, auec vne Galere de cinq Fuſtes, deux Catures, & vingt Balons, accompagné de trois cens hommes, ſans y comprendre pluſieurs perſonnes du pays. Ainſi elle fut menée à la fortereſſe, de laquelle on luy fit vne honnorable ſaluë d’artillerie, qui dura l’eſpace d’vne bonne heure ; Ayant mis pied à terre, & veu certaines choſes que Pedro de Faria luy deſiroit monſtrer, pour eſtre neceſſaires, à noſtre deſſein, comme la doüane, la riuiere, l’armée, la manufacture, la maiſon des pouldres, & autres choſes qui eſtoient deſia preparées pour cét effet ; elle fut logée en vne belle maiſon, & ſes gens qui eſtoient au nombre de ſix cens, au champ de Ilher, ſous des cabanes & tentes où l’on les accommoda le mieux que l’on put. Durant tout le temps qu’elle