qu’elle euſt peu continuer cette guerre encore autre vingt iours, elle les euſt tellement affamez, qu’ils euſſent eſté contraincts de ſe rendre. Mais dautant qu’en ce temps-là il plût continuellement à cauſe du climat ; ioint que la terre eſtoit pleine de buiſſons, & de mareſcages, & que les fruits dont ils ſe nourriſſoient dans les bois, ſe pourriſſoient tous ; ſi bien que la pluſpart de ſes gens eſtoient malades, ſans qu’en ce lieu on leur peuſt donner aucun remede, ny ſecours ; la Royne fut contrainte de s’en aller vers vne riuiere nommée Minhaçumbaa, qui eſtoit à cinq lieuës de là, ſur laquelle s’eſtant embarquée dans ſeize vaiſſeaux à rames, tels qu’elle les pût aſſembler, leſquels eſtoient Paroos de peſcheurs, & auec iceux s’en vint à Malaca, ſur la creance qu’à ſon arriuée on ne luy refuſeroit rien de ce qu’elle pourroit demander.
edro de Faria eſtant aduerty de la venuë de la Royne, l’enuoya receuoir par Aluaro de Faria ſon fils, & Capitaine General de la marine, auec vne Galere de cinq Fuſtes, deux Catures, & vingt Balons, accompagné de trois cens hommes, ſans y comprendre pluſieurs perſonnes du pays. Ainſi elle fut menée à la fortereſſe, de laquelle on luy fit vne honnorable ſaluë d’artillerie, qui dura l’eſpace d’vne bonne heure ; Ayant mis pied à terre, & veu certaines choſes que Pedro de Faria luy deſiroit monſtrer, pour eſtre neceſſaires, à noſtre deſſein, comme la doüane, la riuiere, l’armée, la manufacture, la maiſon des pouldres, & autres choſes qui eſtoient deſia preparées pour cét effet ; elle fut logée en vne belle maiſon, & ſes gens qui eſtoient au nombre de ſix cens, au champ de Ilher, ſous des cabanes & tentes où l’on les accommoda le mieux que l’on put. Durant tout le temps qu’elle