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Page:Les voyages advantureux de Fernand Mendez Pinto.djvu/158

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Voyages Aduentureux

loco, Sauady, Tangu, Prom, Calaminham, & autres Prouinces qui ſont fort auant dans le païs, éloignées de ces coſtes, de deux ou trois mois de chemin. Au reſte ils nous dirent que ces pays eſtoient diuiſez en Royaumes & pays habitez de gens blancs, de bazanez, & d’autres plus noirs, & qu’en eſchange de cette marchandiſe l’on apportoit de l’or, des diamants, & des rubis. Leur ayant demandé la-deſſus ſi ces gens auoient des armes, ils luy reſpondirent que non, ſinon des baſtons endurcis au feu, & des bayonnettes longues de deux pans de tranchant ; & nous aſſeurerent en outre que de ce lieu on y pouuoit aller par la riuiere en deux mois, ou deux mois & demy de temps, & ce à cauſe des eaux qui deſcendoient auec impetuoſité la pluſpart de l’année, & que pour en reuenir, il ne falloit que huict ou dix iours de temps. Apres ces demandes Antonio de Faria leur en fit encore quelques-vnes, auſquelles ils reſpondirent auſſi, & luy dirent pluſieurs autres choſes dignes d’employer vn bel eſprit, & qui font croire que ſi l’on prenoit ce pays, il pourroit eſtre de plus grand profit & de moindre deſpenſe que ne ſont les Indes, ioint qu’il n’y auroit pas tant de peine, ny tant de ſang reſpandu.




Du chemin que fit Antonio de Faria, en s’en allant chercher l’Iſle d’Aynan, & de ce qui luy arriua.


Chapitre XLII.



Le Mercredy ſuiuant nous ſortiſmes de cette riuiere de Tinacoreu, & par l’aduis du Pilote nous allaſmes chercher Pullo Champeiloo, qui eſt vn Iſle inhabitée & ſituée en l’emboucheure de l’enſe de Cachenchina, à quarante degrez & vn tiers, du coſté du Nord : l’ayant abordée nous moüillaſmes l’ancre en vn havre où il y auoit bõ fonds, & y demeuraſmes trois iours, accommodant noſtre artillerie en maniere conuenable, puis nous en allaſmes vers l’Iſle d’Aynan, où Antonio de Faria croyoit trouuer le