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Page:Les voyages advantureux de Fernand Mendez Pinto.djvu/279

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de Fernand Mendez Pinto.

pluſieurs autres mots ſelon leur jargon, dont ie ne puis me ſouuenir, ioint qu’il n’y auoit perſonne de nous qui les entendiſt. Ainſi apres auoir eſté auec eux enuiron trois heures parlant par ſignes, & n’eſtans pas moins eſtonnez de les voir qu’ils l’eſtoient eux meſmes de nous regarder, ils s’en retournerent dans le meſme bois d’où ils eſtoient venus, ſautans à tous coups au ſon du tambour, pour monſtrer qu’il ſe departoient d’auec nous grandement contens de ce que nous leur auions donné ; de là nous ſuiuiſmes noſtre route à mont la riuiere par l’eſpace de 5. iours, pendant leſquels nous les voyons touſiours le long de l’eau, & par fois comme ils ſe lauoient tous nuds. Mais nous ne vouluſmes pas les aborder dauantage. Apres auoir paſſé tout cette diſtance de terre, qui pouuoit eſtre de quarente lieuës, plus ou moins, nous nauigeaſmes encore ſeize iours à forces de voiles & de rames, ſans voir perſonne en ce lieu deſert, ſi ce n’eſt que durant deux nuits nous viſmes quelques feu aſſez auant dans la terre. A la fin apres ce temps-là, Dieu nous fit la grace d’arriuer à l’anſe de Nanquin, comme Similau nous auoit dit, auec eſperance de voir dans cinq ou ſix iours l’effet de noſtre deſſein.




Des grands trauaux que nous euſmes en l’anſe de Nanquin, & de ce que Similau nous fit en ce lieu.


Chapitre LXXIV.



Arrivez que nous fuſmes en cette anſe de Nanquin, le Pilote Similau conſeilla à Antonio de Faria de ne permettre qu’en quelque façon que ce fuſt aucun Portugais ſe fit voir à perſonne ; adjouſtant, que ſi telle choſe arriuoit, il apprehendoit que quelque reuolte ne s’en enſuiuiſt parmy les Chinois, pource qu’en ce lieu-là l’on n’auoit iamais veu iuſques alors aucun eſtrangers ; en ſuite de cela il dit que luy-meſme & les autres Chinois qui eſtoient dans les vaiſſeaux