Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PASSEPARTOUT, même jeu.

Nous restons.

ARCHIBALD, même jeu.

Eh bien ! soit, restons.

FOGG, de mauvaise humeur.

Comment ! vous aussi ?

ARCHIBALD.

Oui, monsieur, moi aussi.

FOGG.

Et pourquoi, je vous prie ?

ARCHIBALD.

Parce qu’il ne me convient pas, monsieur, que l’on puisse dire qu’un Anglais et un Américain ayant rencontré une femme en danger de mort, c’est l’Anglais qui l’a sauvée, tandis que l’Américain se croisait les bras. Voilà !

FOGG, lui tournant le dos.

Faites donc comme il vous plaira, monsieur.

ARCHIBALD, même jeu.

C’est bien mon intention, monsieur.

PASSEPARTOUT.

Ah ! c’est Là qu’est feu le rajah !… Je ne serais pas fâché de faire sa connaissance. (Il se glisse par la gauche sous les arbres, rampant avec précaution entre les dormeurs, de manière à s’approcher du bûcher. Fogg et Archibald se retirent à l’écart.)


Scène II

Les Mêmes, AOUDA, LE CHEF DES BRAHMANES,
Gardes, Fakirs, Indiens.

(La tête d’une procession se montre vers la droite et traverse la scène aux derniers plans ; puis elle reparait par la gauche au premier. Le son des instruments et les chants commencent à se faire entendre. On voit d’abord des fakirs, sortes de convulsionnaires, hurlant, gesticulant et criant : Kali ! Kali !

Puis viennent les prêtres coiffés de mitres et velus de longues robes chamarrées. Ils sont entourés d’hommes, de femmes, d’enfants, qui font entendre une sorte de psalmodie interrompue ; intervalles égaux par des coups de tam-tam et de cymbales. Des porteurs de torches éclairent la scène. Ils sont suivis de fanatiques tatoués d’ocre, affublés de longues queues qui contournent trois ou quatre fois leur taille, portant un masque de singe et un bonnet de montagnard, et tenant dans chaque main une grosse massue, cabriolant, hurlant miaulant, glapissant.