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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS

bardes de nos jours et à ceux qui les suivront, car en Bretagne il sera toujours vrai de dire : Nascuntur poetæ.

Malgré les nombreuses couronnes décernées par les Muses à rassemblée des bardes du Parnasse breton, on voit, de temps en temps, un ou deux points noirs qui surgissent à l’horizon ; ils montent peu à peu et déversent sur notre pays et sur sa langue une pluie d’injures qui n’obscurcissent nullement le beau soleil de la Bretagne. Oui, il resté encore aujourd’hui des Pygmées, peu nombreux, il est vrai, un ou deux, pauvres retardataires, à l’esprit borné, écloppés, vieux et démodés, qui se sont toujours gardés de faire des grammaires et qui plus est, n’ont jamais eu le courage d’en ouvrir une ; véritables polyglottes et grammaires vivantes, ils disent et publient que chacun peut écrire le breton comme il lui plaît, comme il le parle, à sa guise, sans principes, sans règles, sans orthographe, comme si jamais il avait existé une langue sans grammaire ! Pauvre Le Gonidec, où es-tu ? Ces bons vétérans de la vieillerie, ces conservateurs des bribes du passé, ces ennemis jurés de tout progrès (laudatores temporis acti) se font auteurs, et, comme s’ils travaillaient au clair de la lune, ils écrivent dans la même page, le même mot de quatre ou cinq manières différentes. Néanmoins, écoutez-les : ils se croient passés maîtres et veulent que leurs billevesées fassent loi à l’Académie.

Non, mille fois non, la langue bretonne n’est pas un ramassis d’incohérences, un chaos, un désordre, comme voudraient nous le faire croire ceux qui ne veulent pas se donner la peine de l’étudier pour enseigner les autres. Si dame bouteille, les cartes, la pipe bien culotlée, si les commérages des Fantik et surtout la paresse bien entretenue, si tout cela, messieurs, vous crée un