Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/401

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— Eh bien ! dit-il, puisque cela est, je ne les ferai point languir… Qu’on fasse venir mon grand prévôt, qu’on allume ce bûcher, qu’on y mette la sorcière, et la sénéchale aux Petites-Maisons. »

La douceur de Fleur d’Épine eut beau pencher vers la pitié, Tarare, qui se souvenait des cruautés qu’elle avait eues pour elle, et qui sentait encore le soufflet qu’elle lui avait injustement donné, fit confirmer la sentence de la maudite Dentue ; et personne n’eut regret à celle de la sénéchale.

Cette illustre et charmante troupe se rendit au palais pendant qu’on en faisait l’exécution.

Le calife donna d’abord tous les ordres nécessaires pour l’appareil d’une fête qui devait être la plus magnifique qu’il eût jamais donnée, quoiqu’il en eût fait voir de merveilleuses ; et, tandis que tout était en mouvement pour l’exécution de ses volontés, voulant lui-même faire les honneurs de sa cour à la respectable Serène, il lui faisait voir les beautés d’un superbe salon, achevé peu de temps après la naissance de Luisante. Il ne pouvait sans doute occuper plus dignement l’attention de la savante magicienne, car à peine avait-elle rien de si merveilleux ou de plus éclatant dans cette demeure inaccessible qu’elle s’était faite. Le calife, voyant qu’elle en témoignait de l’admiration : « N’allez pas croire, lui dit-il, que ce soit moi qui aie imaginé tout cela. Vous saurez que, pendant la grossesse de la feue reine, j’eus un songe dans lequel il me parut qu’elle accouchait d’un méchant petit dragon, qui se mit à me manger le blanc des yeux dès qu’il fut au monde. Je consultai les savants sur un songe qui me donnait beaucoup d’inquiétude : les uns dirent