Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/406

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« Les pies, après m’avoir salué fort civilement, se mirent à jouer, et la corneille à travailler. »

Fleur d’Épine et Tarare, qui n’avaient cessé de se regarder pendant ce récit, se poussèrent à l’endroit des pies. Luisante, qui n’avait pas ôté les yeux de dessus le beau Phénix depuis qu’il avait commencé son récit, parut douter s’il parlait sérieusement. Serène sourit d’une aventure qui ne lui était pas inconnue ; mais le calife se tenait les côtés de rire. « Oh ! pour celui-là, disait-il, mon gendre, vous êtes un peu voyageur : pour des pies à qui on porte la queue, et qui font la révérence, passe ; mais des pies qui jouent aux cartes, on n’en a guère vu. »

Phénix, après avoir protesté de la vérité de son récit : « Je fus longtemps, poursuivit-il, à regarder un jeu où apparemment il n’y a jamais eu que des pies qui aient joué : pour moi, je les aurais regardées jusqu’à ce moment sans y rien comprendre. Enfin, je vis tout à coup une petite pic assez éveillée, qui, après avoir dit un certain mot, dont je ne me souviens plus, sauta sur la table. Je ne sais comment j’ai pu oublier ce mot, car les autres pies s’égosillèrent à force de le répéter : la sérieuse corneille le prononça gravement, et jusqu’aux petits sansonnets qui mouchaient les bougies, tout se mêlait de le répéter en concert. J’en fus tellement étourdi, que je les quittai brusquement, ne sachant pas trop bien si je rêvais, ou si tout ce que je venais de voir était réel.

« Au sortir de ce royaume, j’entendis parler de Cachemire. J’appris que dans le plus beau séjour de l’univers était la plus belle princesse du monde.

« Je ne songeai plus qu’à m’y rendre en diligence. On eut