Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/410

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dire : « Perroquet mignon » ; et, pour toutes les plaintes et les exclamations que j’avais au bout de la langue, je dis toutes les impertinences qu’on apprend aux perroquets, et que les perroquets les plus importuns disent tout de suite : j’en fus si confus, que je résolus de ne plus rien dire.

« Comme il m’était permis de voltiger par tout le jardin, je voyais souvent, du haut de quelque arbre, la maison de la sorcière ; mais toutes les fois que je voulus voler de ce côté-là, mes ailes refusèrent de me soutenir, et je jugeai qu’il était inutile de tenter ce voyage à pied.

« À l’égard de tous les autres lieux aux environs, il m’était permis d’y voler. Ce fut dans une de ces promenades que je vis un jour une femme qui sortait d’une méchante cabane couverte de paille : elle avait un petit sac sous son bras ; elle s’assit au bord d’un petit ruisseau, y lava quelques poissons qu’elle avait dans un panier, et se mit à les saler. Je me souvins de la défense qu’on m’avait faite : je m’imaginai qu’on ne m’avait défendu le sel que de peur que sa vertu ne me rendît ma première forme.

« Je me mis à terre auprès de cette femme : ma beauté la charma ; et, comme je lui parus fort apprivoisé, quand elle eut couru quelque temps après moi, je m’élevai soudainement en l’air ; et, ayant enlevé te sac de cette pauvre femme, je fus le cacher dans un buisson détourné. Je regagnai promptement le jardin de la sorcière après cet exploit, n’osant rester plus longtemps dehors pour l’épreuve que je méditais : mais le lendemain le soleil n’était pas encore levé, que j’étais en campagne.

« Ce fut ce jour que je vis mon cher frère ; ma surprise, à cette rencontre, fut égale à ma joie. Je mourais d’envie qu’il