Aller au contenu

Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/416

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

richement marié, il me paraît si content de sa femme et de sa belle-mère Serène, qu’il ne vous portera point d’envie ; car, avec son savoir-faire, ses petits États, et ce que Serène lui pourra laisser un jour, il ne laissera pas d’être à son aise. »

La modeste Fleur d’Épine, qui, sans ambition, eût souhaité d’être héritière de l’univers, rougit de ce que le calife venait de dire : elle n’eut point de honte qu’une personne aussi merveilleuse que Serène lui eût donné le jour ; mais ce ne fut pas sans confusion pour elle qu’on venait de marquer tous les avantages dont Luisante faisait le bonheur de son époux, et que Tarare avait tous refusés pour elle.

L’équitable Serène vit son embarras, et connut sa pensée. Ce fut alors que, demandant un peu d’audience à son tour : « Calife de Cachemire, dit-elle, vous qui sans doute avez quelques obligations à Tarare, sachez qu’il n’aura pas lieu d’envier l’établissement de son frère. Vous avez vu la préférence qu’il a faite de Fleur d’Épine mourante, de Fleur d’Épine effroyable, et, pour tout dire, de la mémoire de Fleur d’Épine, à la possession de Luisante dans tout l’éclat de sa gloire. Jugez si, dans l’état où vous la voyez maintenant, il ne doit pas être content de sa fortune. Mais sachez que Serène n’est point sœur de l’infâme Dentue, ni Fleur d’Épine fille de Serène. Voici son histoire et la mienne :


HISTOIRE DE SERÈNE.


« Entre le Tigre et l’Euphrate se trouve une vaste étendue de plaine dont rien n’égale l’heureuse fertilité, si ce n’est