Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/425

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la trouverait, elle aurait besoin d’un secours plus puissant que le sien.

« J’employai tous les génies que mon art soumet à mes volontés pour veiller à la sûreté de sa vie jusqu’à mon arrivée, résolue de le suivre de bien près. Je différai mon départ jusqu’à la dernière extrémité, et je pensai m’en repentir ; car, dans le moment que je venais de monter sur Sonnante, le plus agréable et le plus désiré des obstacles vint s’opposer à mon départ.

« Trois courriers de Circassie arrivèrent à une heure l’un de l’autre, qui m’apportèrent les nouvelles surprenantes du rétablissement de ma sœur. Le premier m’apprit que l’usurpateur avait péri par un soulèvement aussi soudain que la révolution qui l’avait placé sur le trône ; l’autre confirma cette nouvelle, et ajouta que la populace émue n’avait pas même épargné sa pauvre bossue de fille.

« Le dernier enfin me fit un ample détail des acclamations, de l’allégresse et des transports d’impatience dont la reine et ses filles étaient attendues dans la capitale de Circassie ; et ce dernier courrier m’était dépêché par elle-même, au-devant de laquelle le conseil et les grands du royaume étaient allés.

« Ainsi, seigneur, Tarare n’est pas si mal marié que vous l’avez cru : car, quelque empressement que Fleur d’Épine ait de voir régner un homme que l’amour parfait et l’inviolable fidélité en rendent digne, elle trouvera ses États paisibles à son arrivée, sa mère et ses sœurs moins tranquilles par l’impatience de recevoir une fille et une souveraine qu’elles avaient crue perdue ; et tout le peuple, à son ordinaire, avide de changement, n’aura pas de peine à combler