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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/242

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à force d’aimer

rinval s’arrêter dans l’escalier, au sortir de la loge, et s’appuyer à la rampe comme s’il chancelait. Mais il ne vit pas ce mouvement. Et il ne distingua pas davantage ce qu’il avait pourtant sous les yeux : l’émotion qui pâlissait le visage de sa fille et lui faisait tourner vers la scène des prunelles de songe et d’extase.

Le troisième acte du drame était le plus romanesque et le moins philosophique. Après différentes péripéties, la jeune héroïne mourait de tristesse, réconciliant par son agonie son père et son fiancé. Devant le deuil affreux du patron, les grévistes renonçaient à la lutte. Silencieusement, ils retournaient au travail, ils rallumaient les fourneaux éteints. La scène ne manquait pas de grandeur. Quant au malheureux père, il faisait don de l’usine à ses ouvriers, ne gardant que les fonctions d’administrateur, et le droit de répartir annuellement les bénéfices. Le rideau baissait définitivement sur un tableau d’existence idéale, où chacun rencontrait le bonheur en cherchant celui des autres. C’était le triomphe de la « force inconnue ».