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à force d’aimer

Le conciliabule entre les trois hommes dura longtemps. Les témoins de René, surpris des conditions sévères proposées par ceux de Chanceuil, voulaient obtenir de leur client l’autorisation de les refuser. Mais ils trouvaient celui-ci plus acharné encore. Par son ironie, Marinval tâchait d’envenimer l’affaire, et décourageait toute tentative de conciliation.

— « M. Chanceuil a raison de se tenir pour gravement insulté. Mes griefs envers lui importent peu. Ils étaient suffisants pour motiver la correction que je lui ai infligée en le faisant crier de douleur. À moins de lui casser sa canne sur le dos, je ne sais pas de quelle façon j’aurais pu l’humilier davantage. »

Malgré les atténuations que les témoins pouvaient apporter au report de pareils discours, c’était de l’huile sur le feu, et ils le sentaient. Vainement essayaient-ils de surprendre quelque parole moins agressive.

— « Avouez que la colère vous a emporté plus loin que vous ne vouliez, cher ami. Savez-vous que vous avez mis dans un tel état le poignet de ce pauvre Chanceuil, qu’il ne pourra se mesurer avec vous avant trois jours au moins.

— Laissez-lui le temps nécessaire pour qu’il reprenne possession de tous ses moyens. Il en aura besoin, je vous assure, » dit René avec un ton plein de sous-entendus redoutables.