— Pourquoi ? Ferneuse n’est qu’à deux lieues. Nous avons les irlandais, ce soir. Avec ces chevaux-là, je puis être de retour dans une heure. »
Gaétane secoua doucement la tête.
La voix d’Hervé s’altéra tandis qu’il s’écriait :
— « Oh ! mais alors… vous êtes donc véritablement malade ?
— Non, mon enfant. C’est bien pire.
— Pire ?…
— Toi et moi, Hervé, nous sommes chassés de Valcor. »
Il la regarda sans même s’émouvoir, tant les mots lui parurent incompréhensibles.
— « Fuyons cette maison, mon fils. Nous n’y remettrons jamais les pieds.
— Que me dites-vous, ma mère ?
— Allons… viens… As-tu fait dire qu’on portât nos manteaux dans notre voiture ? Sinon, envoie le valet de pied les prendre. Nous ne rentrerons pas dans les appartements.
— Mère !… vous me rendez fou !
— Je te dis qu’on nous chasse. Attendras-tu qu’on nous pousse dehors, toi, un Ferneuse ? »
Hervé passa la main sur son front.
— « On nous chasse… Qui nous chasse ?
— La marquise.
— Pourquoi ?
— Elle ne l’a pas dit.
— Vous le savez ?…
— Peut-être.
— Est-elle dans son droit ? »
En posant cette question, le malheureux jeune homme attachait sur sa mère des yeux pleins d’une horreur et d’une douleur qui semblaient