Page:Lesueur - Nietzscheenne.djvu/84

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avec une envie folle de gambader, d’enjamber deux marches à la fois, velléités que contenait seule la silhouette solennelle de Victor, immobile devant la porte du banquier.


À cette minute même, Mlle Monestier rentrait chez elle, et trouvait la carte de Robert Clérieux, accompagnée de ces lignes au crayon :


« Ne me trouvez pas trop audacieux, mademoiselle, si je vous rappelle que vous m’avez autorisé à l’espoir d’un entretien avec vous. J’en sollicite respectueusement l’honneur, au moment et à l’endroit qui vous conviendront. Veuillez me les faire connaître, et croire à mon très humble dévouement ».


— « Ce monsieur, demanda-t-elle à miss Daisy — son ancienne gouvernante anglaise, devenue sa dame de compagnie — « s’est présenté ici, n’est-ce pas, bien après le coup de téléphoné par lequel vous m’annonciez le départ de Sorbelin ?

Yes, miss Jocelyne.

— Les deux hommes ne se sont pas rencontrés ? Non ?… c’était impossible.

Totally impossible.

— M. Robert Clérieux viendra me voir demain. Donnez des ordres pour qu’on le fasse entrer.

Good. And mister Sorbelin, if he happens to return ?…

— Il ne reviendra pas. »




V


Robert Clérieux, en réponse à son billet, reçut un mot par lequel Mlle Monestier le prévenait qu’elle l’attendrait chez elle le lendemain à deux heures.