Page:Lettre Chateaubriand AmableDeBaudus.pdf/2

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offense pas et que vous entendez le mot à notre manière.

Je sens vivement, Monsieur, l’honneur que vous me faites en me demandant mes rhapsodies pour votre excellent journal : je vois que notre ami vous a parlé des Natchez. Pour finir cet ouvrage il me faudrait encore quelques années de repos que je ne puis me promettre. Ma position dans ce pays devient de plus en plus précaire et affligeante, et je ne vois guère de moyen d’en sortir. Je crains bien que M. de F. [Fontanes] ne se soit trop laissé aller à son attachement pour moi en fondant sur mon travail des projets de rappel et de succès. Les Natchez sont bien loin d’avoir un mérite assez transcendant pour produire une telle révolution dans ma destinée ; et fussent-ils d’ailleurs tout ce qu’ils ne sont pas, les tigres de nos jours ne sont plus comme au temps d’Orphée ; je ne crois pas qu’on les attendait beaucoup en jouant de la lyre : mulcentem tigres, il n’y a de mon ouvrage que 7 livres