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pas mieux avoir une perte à déplorer, qu’une injustice à nous reprocher.

Citoyens, relevez vos fronts humiliés ; à la dignité d’hommes, associez le courage, la fierté d’un peuple libre : le 15 mai, jour où vous avez reconquis vos droits, doit être à jamais mémorable pour vous et vos enfans. Cette époque réveillera périodiquement en vous les sentimens de la gratitude envers l’Être suprême, et puissent alors vos accens frapper la voûte des Cieux vers lesquels s’éléveront vos mains reconnoissantes !

Enfin vous avez une patrie, désormais vous ne verrez au-dessus de vous que la loi ; l’avantage de concourir à sa création vous assurera le droit imprescriptible de tous les peuples, celui de n’obéir qu’à vous-mêmes.

Vous avez une patrie, et sans doute elle ne sera plus une terre d’exil, dans laquelle vous ne rencontriez que des maîtres et des compagnons de malheur ; ceux-là distribuant, ceux-ci recueillant le mépris et les outrages. Les sanglots de votre douleur étoient punis comme des cris de rébellion ; placés entre les poignards et la mort, ces contrées malheureuses furent souvent imbibées de vos