Page:Lettre d'Abgar, 1868.djvu/48

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par la même raison qu’ils ne regardèrent pas avec l’œil invisible de leur esprit, mais qu’ils épuisèrent leur force dans des questions inutiles et pernicieuses.

» Souvenez-vous des écrits des prophètes au sujet de ce que je vous ai prêché, de leurs reproches et de leurs menaces, et de la parole du Seigneur qui mit fin à leurs prédictions ; n’oubliez point que les enfants des hommes seront éprouvés par le feu, qu’ils sont comme des hôtes et des pélerins qui s’enrichissent et retournent dans leur pays. Considérez-vous comme tels dans ce monde, car vous devez partir d’ici-bas et mettre le pied dans le pays où est allé le Fils pour préparer des demeures à ceux qui ont des mérites. Lorsque les rois de la terre veulent se rendre en quelque lieu, leurs soldats les précèdent pour garnir des appartements dignes de leurs personnes ; mais c’est au contraire notre roi Jésus-Christ qui est allé préparer un logis à ses soldats. Car Dieu ne créa point en vain les enfants des hommes, mais afin qu’ils adorent et glorifient éternellement sa divinité, tant en ce monde que dans la vie future. Comme il ne passe pas, de même ceux qui le glorifient ne passeront jamais ; aussi la mort qui frappe tous les hommes, et dont le joug pèse également sur les justes et les pécheurs, vous semblera-t-elle comme le sommeil de la nuit. Rappelez-vous que lorsqu’apparaîtra le signe du Fils de Dieu, finira le pouvoir de la mort et de Satan qui pousse la majorité des hommes à commettre des péchés et combat avec les justes pour les écarter de la vérité. Car semblable au laboureur qui tient le manche de la charrue, et qui s’il se retourne en arrière laisse les sillons courir en zigzag[1], de même vous qui fûtes appelés par la grâce du Seigneur à remplir ces fonctions, gardez-vous de vous engager dans les affaires de ce monde, de peur qu’elles ne soient un obstacle aux exercices de votre vocation.

» Quant aux princes et aux juges qui embrassent

  1. S. Luc, IX, 62.