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Page:Lettres de Mlle de Lespinasse (éd. Garnier).djvu/135

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bien honnête à vous de m’avoir donné quelques moments ; je n’en étais pas flattée : je vous en rends mille grâces, et c’est du fond de mon cœur, je vous l’assure. Si vous me sacrifiez votre journée de demain, il faut être chez moi avant midi ; si, au contraire, c’est moi qui vous la donne, ne venez point du tout : je me lève tard, je serai pressée de m’habiller, et vous ne me feriez sentir que le regret de ne pouvoir causer avec vous. Mais mercredi je serai plus heureuse, puisque vous ne partez pas. Réponse, je vous en prie.



LETTRE XLIV

1774.

Je suis désolée : ce n’est pas de ce que vous êtes enrhumé, mais de ce que vous ferez si bien, que ce rhume deviendra une maladie. Vous devriez garder votre lit tout le jour, et vous vous proposez déjà de sortir ! En grâce, mon ami, buvez, soyez tout à fait dans votre lit, sans y lire, ni écrire. Je me reproche le mot que vous m’avez écrit, et avant que vous ayez écrit, répondu et répliqué à toutes ces Dames, vous ne serez pas un moment en repos. Je vous attendais depuis neuf heures : il y avait de l’eau d’orge, de guimauve, de l’orgeat, pour vous faire prendre par force une bavaroise ; voilà comme cela s’appelle, et non pas de la soupe. Mon Dieu ! que je voudrais être à côté de votre lit ! je vous soignerais : jamais garde n’aurait eu tant de zèle et d’affection. — Mon ami, ne sortez pas, laissez croire que vous