l’Académie. Cela est juste sans doute, mais cela n’était pas sans difficulté : l’intérêt, le plaisir, le désir qu’il mettait à ce triomphe, m’ont animée. Mon Dieu ! Fontenelle a raison : il y a des hochets pour tout âge ; il n’y a que le malheur qui soit vieux, et il n’y a que la passion qui soit raisonnable. Mon ami, ce ne sont point là des paradoxes ; pensez-y bien et vous verrez que cela peut se soutenir. Bonsoir, il est temps de vous laisser respirer : je vous ai écrit sans m’arrêter. Les jours d’Opéra sont mes jours de retraite : j’y suis seule, je rentre chez moi, et ma porte est fermée. — M. d’Alembert a été voir Arlequin : il aime mieux cela qu’Orphée, tout le monde a raison ; et je suis loin de critiquer les divers goûts, tout est bon. Mais, adieu donc ; à demain.
LETTRE LXI
J’ai diné chez moi pour avoir de vos nouvelles, une heure plus tôt ; cela répond à votre dernière question, si vous n’avez rien perdu. Mais, mon ami, vous m’affligez vraiment en ne me disant seulement pas un mot sur ce que vous ne m’avez pas écrit le dernier courrier : vous aviez pourtant à me répondre. Mais comme vous sentez bien que vous avez eu tort, vous voulez m’en détourner, en me promettant de mieux faire à l’avenir : vous serez bien aimable, mon ami, je vous en remercie d’avance. Je n’ose pas désirer votre retour ; mais je compte les jours de votre absence. Mon Dieu ! qu’ils sont lents ! qu’ils sont