que vous aimez, et à ce qui vous convient plus que vous ne croyez peut-être. Laissez-moi à ma douleur, laissez-moi m’occuper sans distraction du seul objet que j’ai adoré, et dont le souvenir m’est plus cher que tout ce qui reste dans la nature. Mon Dieu ! je ne devrais pas le pleurer, j’aurais dû le suivre : c’est vous qui me faites vivre, qui faites le tourment d’une créature que la douleur consume, et qui emploie ce qui lui reste de forces à invoquer la mort. Ah ! vous en faites trop et pas assez pour moi. Je vous le disais bien il y a huit jours, vous me rendez difficile, exigeante : en donnant tout, on veut obtenir quelque chose. Mais, encore une fois, je vous pardonne, et je ne vous hais point : ce n’est pas par générosité que je vous pardonne, ce n’est pas par bonté que je ne vous hais pas ; c’est que mon âme est lasse, qu’elle meurt de fatigue. Ah ! mon ami, laissez-moi, ne me dites plus que vous m’aimez : ce baume devient du poison, vous calmez et déchirez ma plaie tour à tour. Oh ! que vous me faites mal ! que la vie me pèse, que je vous aime pourtant, et que je serais désolée de mettre de la tristesse dans votre âme ! Mon ami, elle est trop partagée, trop dissipée, pour que le vrai plaisir y puisse pénétrer. Vous voulez que je vous voie ce soir : eh bien ! venez donc… Le bon Condorcet est resté avec moi ; j’étais morte.
J’ai retenu votre commissionnaire, parce que Tenon m’a interrompue ; il m’a trouvé encore de la fièvre. Bonjour. Il est midi, et vous serez sorti ; et puis, vous me gronderez, si je crains les effets de votre négligence, et de pis que cela encore !