votre cœur les injures, les horreurs que je vous ai dites ; eh bien ! qu’en ferez-vous ? Vous savez que j’ai tout annulé ; je vis et je vous aime : voilà ce qui me reste de mon désespoir et de ma haine. Vous allez recueillir votre raison pour me répondre : vous n’en avez pas besoin ; et moi, je suis si raisonnable lorsque mes accès de folie sont calmés, qu’en vérité c’est de la prodigalité que de m’aider de votre raison et de vos raisonnements : cependant je les attends avec une vive impatience. Qu’il y a loin du samedi à mercredi ! que pour les malheureux l’heure lentement fuit ! Bonsoir, mon ami. J’acheverai ce volume ces jours-ci : car il ne partira que mardi. Je suis malade depuis trois jours ; j’étais sur la roue, vous m’avez guérie.
LETTRE CXX
Mon ami, j’aimerais à vous chercher et à vous rencontrer partout, à vous parler sans cesse, à vous voir, et à vous entendre toujours. Je vous ai écrit à Bordeaux, à Montauban, et encore aujourd’hui à Bordeaux, et tout cela peut-être inutilement : car si vous devez être ici le premier, vous serez en route le 26 ou le 27. Tant mieux. Vous n’aurez pas mes lettres ; mais je vous verrai, et j’ai bien de la peine à croire que ce plaisir ne me fasse que du mal : vous êtes si doux, si sensible, si aimable, que peut-être je ne sentirai que cela. Mais pourquoi n’ai-je pas eu de vos nouvelles le dernier courrier ? est-ce que le temps doit jamais