manquer pour venir au secours de ce qui souffre ? Oh ! oui, je souffre, et beaucoup : j’ai des entrailles qui font de leur mieux pour me distraire des maux de mon âme. J’ai eu hier des douleurs effroyables ; j’ai passé la matinée dans le bain ; j’en ai obtenu un peu de calme. Mon ami, arrivez ; mais cependant je ne vous verrai guère : une femme, une tragédie à faire jouer, des devoirs ; que pourra-t-il rester à une malheureuse créature qui n’existe que pour aimer et souffrir ? Oui, je le sens, je suis condamnée à vous aimer tant que je respirerai : quand mes forces sont épuisées par la douleur, je vous aime avec tendresse ; et quand je suis animée, que mon âme a du ressort, je vous aime avec passion. Mon ami, le dernier souffle de ma vie sera encore une expression de mon sentiment. Adieu. Si vous me lisez, répondez-moi, et ne croyez point arriver plus tôt que votre lettre. Mon ami, gardez-vous de venir chez moi dans un moment où je serais avec du monde. Je vous quitte, j’ai des douleurs affreuses. Adieu, adieu, je vous aime, et je crois que ce n’est pas parce que je vous ai aimé.
LETTRE CXXI
Mon ami, je viens de finir Catinat, je ne l’avais jamais si bien entendu, si bien senti ; je ne doute pas que l’Académie n’en sente le prix : ce qui concourra, pourra être bon, et rester à une grande distance. Vous me faites peur pour des gens que je connais ; cependant je ne veux pas les décourager. Eh bien ! mon ami,