sit seul aurait été une platitude choquante ; mais deux accessits me paraissent une impertinence offensante, et il ne m’importe de savoir quelle modification ou quelle distinction on y mettra le jour de l’assemblée publique. Si Voltaire avait concouru, et qu’on vous eût donné l’accessit cela serait tout simple ; mais être à la suite de M. de la Harpe, et à côté d’un jeune homme de vingt ans ! cela me révolte à un degré que je ne puis exprimer, et que je n’ai pu contenir ; cela blesse mon orgueil, cela me rend injuste, car cela pousse mon âme jusqu’à la haine pour celui qui vous a été préféré. Soyez plus modéré, si vous pouvez, cela sera honnête, et généreux à vous ; et peut-être trouverez-vous, et dans vos talents et dans le sentiment de votre force, de quoi dédaigner l’accessit. Les Académies de tout l’Univers ne sauraient vous faire descendre de la place où la nature vous a élevé. Je sais tout cela, je me le dis ; mais je sens le dégoût, et j’en suis si près, que ce que je souffre l’emporte de beaucoup sur ce que je pense… — J’ai besoin de vous voir, et de raisonner avec vous sur le parti que vous prendrez pour l’impression ; mon avis serait qu’il fût répandu dans le public avant qu’il pût connaître celui de M. de la Harpe, qui ne sera lu que le 25, et imprimé que le 28 ou le 30. Cette opinion n’est pas dictée par la réflexion, mais voyez si elle contente la vôtre.
Je n’ai pas le droit d’être sévère : mais celui qui me restera toujours, c’est de sentir quand vous manquerez à l’amitié ; et vous l’avez blessée en ne cédant pas à la grâce que je vous avais demandée, et que je croyais pouvoir obtenir. Vous ne devriez plus avoir ni curiosité, ni intérêt sur l’expression de mon sentiment : il vous a été si bien connu, vous l’avez