Aller au contenu

Page:Lettres de Mlle de Lespinasse (éd. Garnier).djvu/383

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme la femme de Pétus : Je ne pleure point, mais je meurs. Je ne sais si c’est la fièvre, mais, depuis assez longtemps, ma tête est épuisée et rassasiée de larmes. Je n’en ai plus, ce soulagement n’est plus à l’usage de ma douleur. Mais, mon ami, c’est de vous que je veux vous parler. Vous êtes donc arrivé bien tard : car sûrement j’aurais entendu parler de vous aujourd’hui, si vous étiez arrivé à cinq heures. N’importe, je vous aime.



LETTRE CLVII

1776.

Oui, vous aurez un mot, mais rien qu’un mot. J’ai du monde ; vous, vous faites des visites, tout cela est d’un grand intérêt, il faut en convenir. Ah ! si l’on aimait, comme tout cela serait plat ! mais tout est bien, quand tout est mal. — À l’égard du logement, je n’ai que jusqu’à mercredi matin pour me décider, ainsi vos bontés et vos soins n’ont que cette latitude. — Je ne sortirai demain qu’à neuf heures du soir. Je dîne chez moi. — Je n’ai pas vu le baron ; au lieu de cela, j’ai été passer une heure et demie au chevet du lit d’une charmante créature : songez donc quel charme elle a pour moi, puisque le tête-à-tête ne me pèse point. — Vous avez dû voir qu’il m’est impossible de mentir. Pour ce qui concerne le secret de quelqu’un, cela me paraît impossible autrement. Je sais bien que l’on manque souvent à la morale ; mais il faut une distraction, ou un intérêt : ce serait faire le mal en pure perte. Bonsoir. — La semaine der-