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Page:Lettres de Mlle de Lespinasse (éd. Garnier).djvu/57

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j’y étais difficile. Ah ! si vous saviez combien de fautes d’omissions j’y ai trouvées ! Mais pourquoi n’en feriez-vous pas ? M. d’Alembert attend votre lettre avec grande impatience. M. de Crillon vous a prévenu. Votre ami, M. d’Aguesseau, me parut, au moins le jour qu’il m’a apporté votre lettre, bien extraordinaire : il a l’air de quelqu’un qui est troublé ; ses mouvements ont quelque chose de convulsif. Il dit qu’il est malade, et je le crois ; il a formé le projet d’aller à Spa. Je ne sais, mais je suis bien aise qu’il ne soit pas avec vous. Adieu. Je vous ai accablé de questions ; vous ne répondez point. Je ne vous demande pas s’il vous serait agréable de savoir les nouvelles, parce qu’il serait au-dessus de mon pouvoir de m’en occuper. Je sais ce qu’on ne sait point encore dans le public, que c’est M. d’Aranda qui est nommé ambassadeur d’Espagne à la place de M. de Fuentes ; que celui-ci a la première place de sa cour. Tout cela ne vous fait rien ; et ce qui vous étonnera, c’est que cela me fait beaucoup. Ne faut-il pas être folle pour aller s’intéresser à ce qui se passe à Madrid ? Adieu, encore une fois. Mon genre de folie est digne de votre pitié. De vos nouvelles souvent, longuement ; partagez, si vous pouvez, le plaisir que vous me ferez. Combien y a-t-il de lettres que vous seriez plus pressé d’ouvrir que la mienne ? trois, dix ?…



LETTRE IX

Jeudi, 1er juillet 1773.

Oh ! si vous saviez combien je suis injuste ! combien je vous ai accusé ! combien je me suis dit que je