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ACCORDÉES AUX ARTISTES EN FRANCE.

ce rang, le roi semble placer les titres du père bien au-dessus de ceux du fils. Martin Baugaerten ou Desjardins, né à Bréda en 1640, mort en 1694, fut attiré en France où il entra à l’Académie de peinture et sculpture en 1671. Voyez sur lui la table des six volumes de la première série des Archives de l’art français. Les ouvrages ici rappelés sont surtout quatre statues de Louis XIV ; d’abord celle que le duc de la Feuillade avait fait ériger à ses frais pour la place des Victoires et que Desjardins fit fondre d’un seul jet. Ce monument, dessiné par P. Sevin et gravé par C. Vermeulen, est placé en tête du Traité des statues, composé par François Lemée et publié chez Arnould Seneuze en 1688, bien peu de temps sans doute après cet embellissement de la place des Victoires. La statue de Louis XIV exécutée pour la place Bellecour à Lyon était équestre. Celles qui décoraient la ville d’Aix et l’orangerie de Versailles représentaient le roi en pied. On trouve dans les biographies l’énumération d’autres ouvrages de cet artiste.

LETTRES D’ANOBLISSEMENT DE JACQUES DESJARDINS

(Mai 1704.)

Louis… salut. Le désir que nous avons toujours eu de faire fleurir les sciences et les arts nous portant à donner des marques publiques de nostre estime à ceux qui excellent dans leurs professions et qui par des talens extraordinaires ont mérité le témoignage de nostre bienveillance, nous avons considéré que feu Martin Desjardins l’un de nos sculpteurs ordinaires, directeur de nostre Académie de peinture et sculpture, a esté un de ces excellens ouvriers, ainsi qu’il a paru par les grands ouvrages qu’il a faits tant à la place des Victoires qui font une partie des beautés de nostre bonne ville de Paris que les grandes figures équestres de bronze qu’il a faittes dans nos villes de Lion et d’Aix, et de plusieurs autres ouvrages tant en marbre qu’en bronze qui sont sortis de ses mains pour la magnificence et embellissement de nos maisons royalles, comme par ses ouvrages il s’estoit rendu digne de quelques marques d’honneur et de distinction dans son art, nous avons voulu les départir à Jacques des Jardins son fils, contrôleur de nos bastimens en nos chasteaux de Marly et Noisy, jardins, parcs et dépendances, lequel dans l’exercice qu’il fait de cette charge sous les ordres du sieur Mansart, son oncle, surintendant de nos bastimens, nous donne de continuelles marques