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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

pensée, une restauration du christianisme traditionnel qu’il entreprend ; c’est une religion nouvelle qu’il prétend instituer, un christianisme supérieur. Il se rend compte que la question religieuse ne se pose pas de même pour lui et pour Novalis qui, lui, n’est jamais sorti du christianisme. Il sait que pour l’un le christianisme a une valeur positive, actuelle et pratique, pour l’autre une valeur simplement historique. Il se demande si Novalis voudra être « le dernier chrétien, le Brutus de la vieille religion ou le Christ du nouvel Évangile ». Il ne semble pas que, pour Novalis lui-même, cette alternative se soit jamais posée. L’identité entre le christianisme historique et le christianisme idéal, entre la religion positive et la religion métaphysique, n’a jamais fait doute pour lui. Sa religion a toujours donné satisfaction en même temps à sa piété chrétienne et à son instinct philosophique et scientifique.

III

Mais la piété chez Novalis n’est pas seulement un élan obscur du cœur vers le Dieu chrétien. Elle s’efforce, chez lui comme chez beaucoup de mystiques, d’atteindre à la clarté de la connaissance. À côté du croyant il y a en lui un penseur. Il tend vers la vérité à la fois par l’amour et par la raison cons-