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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

et des conversations avec des amis mieux informés que lui. Son bagage philosophique est donc fort mince. Jamais, d’ailleurs, il n’a eu l’ambition de faire progresser la « science philosophique » de son temps. Il a cherché uniquement à se faire une conception personnelle de la vie sans trop s’inquiéter de ce que les autres avaient pu penser ou écrire avant lui.

Il n’y a guère que deux philosophes qu’il ait vraiment étudiés de près et qui aient exercé sur sa pensée une influence réelle : Fichte et Hemsterhuys.

Il est hors de doute, d’abord, qu’il s’est assimilé avec beaucoup de soin le Système de la science de Fichte. Il a dû être rendu attentif à son importance par Fr. Schlegel, peut-être aussi par son père, le baron de Hardenberg, qui semble avoir aidé pécuniairement Fichte, au moment où celui-ci faisait ses études à l’école de Pforta. Dans tous les cas nous le voyons consacrer ses loisirs, à Tennstedt, à partir de 1794 ou 1795, à une étude soutenue et approfondie du Système de la science. Un important Cahier d’extraits nous montre qu’il a réellement fait effort pour pénétrer la pensée de Fichte et la traduire dans son langage à lui. Et nous constatons en effet que certains éléments fondamentaux de la philosophie de Novalis, en particulier sa théorie de l’imagination créatrice et sa notion de l’intuition intellectuelle, sont manifestement inspirés de Fichte.