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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

fichtiser que Fichte ». Lui-même se comptait certainement au nombre de ceux là. Il n’est rien moins, en effet, qu’un disciple docile de Fichte. Lorsque, au sortir de Fichte, on aborde Novalis, on s’aperçoit bien vite qu’il a fait subir à la pensée du grand philosophe idéaliste des déformations capitales. Il emploie sa terminologie, mais en la détournant du sens très précis qu’elle a chez lui. Il parle bien, comme lui, du « moi », de « l’imagination créatrice », de « l’intuition intellectuelle » mais dès qu’on creuse le sens de ces expressions, on remarque que ces termes ne signifient pas, sous sa plume, la même chose que sous celle de Fichte. Il est fichtéen en apparence. Mais en dépit des quelques formules qu’il emprunte au Système de la Science, c’est toujours sa pensée qu’il suit et cette pensée n’a pas grand chose de commun, nous le verrons plus loin, avec celle de Fichte.

De même que Novalis a lu de près les ouvrages de Fichte, il a étudié avec grand soin aussi — ses cahiers d’extraits en font foi — l’œuvre entière de Hemsterhuys qui devient de bonne heure un de ses auteurs favoris. Ce qu’il aimait chez ce disciple de Rousseau qui défendait contre la tyrannie exclusive de l’intelligence la cause du sentiment et de la conscience morale, chez cet esthète peu enclin aux hautes spéculations métaphysiques, épris de culture antique et développant volontiers ses idées