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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

révère en lui un type supérieur de savant et d’ami de la nature. Il a tracé dans le Disciple à Saïs le portrait du chercheur véritablement doué du « génie de la nature », qui ne violente pas la nature, qui ne la martyrise pas pour lui arracher ses secrets, mais qui sait déchiffrer avec patience et amour le sens profond de ses œuvres, qui la comprend non seulement par l’intelligence mais aussi par le cœur, qui est en même temps observateur et artiste. C’est manifestement Werner qui lui a servi de modèle pour cette description.

En même temps que Novalis étudie les sciences positives, il se plonge avec ardeur dans les spéculations sur les sciences naturelles qui commencent à fleurir en Allemagne à ce moment. En 1797 il lit la Philosophie de la Nature de Schelling, un peu plus tard son Âme du monde et ses Idées. Entre temps il fait, au cours d’un voyage à Freiberg, la connaissance personnelle du philosophe à Leipzig. En 1798 il lit les œuvres de Baader qu’il vante comme un esprit doué d’une rare puissance de synthèse et comme un authentique poète. La même année il s’intéresse aussi aux théories de Hülsen qu’il est heureux de voir fraterniser avec Frédéric Schlegel. Il a donc exactement connu les théories de la philosophie de la Nature et elles ont fait impression sur lui. Schelling en particulier lui inspire la plus vive admiration : il constate la puissance de