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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

son intelligence et la précision de sa pensée, il vante sa tendance universaliste, sa force de rayonnement, son instinct poétique, son aptitude à pressentir les vérités les plus hautes. Il n’est pas sûr, toutefois, que l’influence positive exercée par Schelling sur Hardenberg, soit très considérable. Ils se sont rencontrés à un moment où les grandes lignes de la philosophie de Novalis étaient déjà fixées dans son esprit. Et s’il est aisé de noter entre leurs conceptions de nombreuses analogies, il est à peu près impossible de préciser, dans un grand nombre de cas, lequel des deux a eu le premier telle idée et l’a communiquée à l’autre, ou si l’un et l’autre ne l’ont pas puisée dans le milieu ambiant. Ils se rencontrent, par exemple, dans un amour pareil pour la nature. Alors que le non-moi n’est aux yeux d’un intellectuel et d’un moraliste comme Fichte qu’une réalité de second ordre et n’offre d’intérêt pour lui que comme la condition nécessaire de l’activité morale du moi, Schelling et Novalis sont d’accord pour aimer la nature en elle-même et pour elle-même. Ils admettent l’un et l’autre l’identité de la Nature et de l’Esprit qui sont les deux modes par lesquels l’Absolu se manifeste. Ils statuent l’un et l’autre un organisme universel et une âme du monde. Et Novalis souscrit de tout cœur à cette pensée de Schelling, que « la Nature doit être l’Esprit visible, l’Esprit la Nature invisible ». Mais il ne faudrait pas