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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

contemporains qui établissaient des analogies insoupçonnées entre des séries de phénomènes qui semblaient jadis spécifiquement distincts, entre la combustion et la respiration, entre les vibrations lumineuses, calorifiques et électriques, entre les phénomènes électriques et chimiques, entre l’électricité et le magnétisme, etc., il a vu s’évanouir peu à peu l’antique dualisme, la vieille opposition entre l’organique et l’inorganique, il a été saisi lui aussi de cet enthousiasme « unitaire », qui enflammait nombre de savants de son temps.

Ainsi nous le voyons reconnaître avec Ritter que « entre la nature vivante et la nature soi disant morte, il n’y a d’autre différence que celle-ci : dans la partie inorganique de notre planète qui est en quelque sorte l’organisme à l’état cryptogame, se trouve emprisonné sous forme d’éternel bourgeon ce qui, dans le règne organique, sous l’action d’un soleil supérieur, s’épanouit en une floraison plus belle. La fleur et le bourgeon sont de la même substance et tous deux sont issus du même sol ». Il entrevoit avec Humboldt, Reil, Ritter, Goethe, l’unité grandiose de la nature, l’action universelle d’une loi unique. Il conçoit avec Goethe la possibilité d’expliquer la prodigieuse variété du monde organique par une évolution allant du simple au complexe, de montrer que toutes les espèces végétales et animales peuvent s’expliquer comme des