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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

V

Esprit à la fois scientifique et mystique, Novalis, enfin, a été attiré par une doctrine où précisément, la curiosité passionnée de la nature s’alliait de façon bizarre avec la religiosité mystique et la spéculation métaphysique, je veux dire le pandynamisme des théosophes, magiciens et alchimistes de l’époque de la Renaissance.

Ces penseurs concevaient derrière l’univers visible un monde d’énergies spirituelles qui exerçaient sur cet univers une influence prépondérante. Ces énergies, à leur tour, dépendaient toutes de la force centrale qui donnait l’impulsion et la direction à toutes les autres, c’est-à-dire de Dieu. L’homme avide de puissance devait donc s’efforcer de se concilier les énergies supérieures afin de commander » par leur intermédiaire, aux forces inférieures ; il devait, par suite, tâcher de pénétrer, par delà le monde des phénomènes, jusqu’au monde spirituel ou jusqu’à Dieu. Or pour cela, il pouvait recourir, d’une part, aux artifices de l’alchimie, de l’astrologie, de la magie qui le mettaient en rapport avec le monde des Esprits, ou, d’autre part, s’élever par l’intuition mystique jusqu’à Dieu. Enfin la théorie platonicienne des idées et les spéculations cosmologiques des néoplatoniciens permettaient d’expliquer