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LA JEUNESSE DE NOVALIS

entièrement « normale », en insistant le moins possible sur les perturbations que la nature physique de Novalis a pu produire dans son évolution psychique.

Sur le développement intérieur de Hardenberg pendant ses années d’enfance, nous sommes assez peu renseignés. Une tradition de famille veut qu’il ait passé ses premières années, jusqu’à l’âge de neuf ans, dans une sorte d’engourdissement intellectuel ; puis que, à la suite d’une crise physique, — une dysenterie compliquée d’atonie stomacale — il ait fait preuve brusquement et sans transition d’une extraordinaire vivacité d’esprit. L’examen des devoirs d’écolier de Novalis et le témoignage d’un de ses premiers maîtres semblent plutôt indiquer que son intelligence fut précoce et son esprit éveillé et original. Nul doute, d’autre part, que le sens religieux ne se soit développé de bonne heure chez lui, sous l’influence de l’éducation pieuse reçue d’abord à la maison paternelle, puis à la colonie morave de Neunietendorf où il commence son instruction en vue de se préparer au ministère évangélique. Notons aussi chez lui le développement précoce de la vie affective — à sept ans déjà « l’amour effleure son cœur d’une légère caresse », — la préoccupation de l’invisible qui se révèle dans ses jeux d’enfant ainsi que la faculté de se créer, à côté de l’existence réelle, une vie de rêve féerique et merveil-