leuse et nous aurons réuni les traits les plus frappants de la psychologie du jeune Hardenberg. C’est un enfant à l’imagination ardente, au cœur tendre, d’une sensibilité vibrante, d’une intelligence très compréhensive, un rêveur qui, dans le milieu austère et grave où il s’est développé, s’est un peu replié sur lui-même et n’a pu encore s’épanouir librement.
Son horizon cependant s’étend peu à peu. Un oncle paternel, le commandeur de Hardenberg, le « Grand-Croix », comme on l’appelait dans l’intimité, le tire d’abord de son isolement. Il avait cru discerner en son neveu des promesses de talent, et comme il n’avait pas d’enfants lui-même, il l’avait invité, à venir dans sa magnifique demeure de Lucklum, en Brunswick, pour le préparer à faire une carrière brillante. Mais ce grand seigneur d’ancien régime, très entiché de noblesse, étroit d’esprit et de cœur sec, assez borné malgré ses prétentions à l’infaillibilité, était au fond trop médiocre pour pouvoir exercer une influence durable sur une nature comme celle de Novalis. Celui-ci d’ailleurs ne resta pas longtemps dans ce milieu mondain et fort libre d’allures, qui pouvait être dangereux pour un adolescent à l’imagination ardente. On l’envoya terminer ses études secondaires au gymnase d’Eisleben où, sous la direction du recteur Jani, il s’enthousiasma pour l’antiquité classique et en particu¬