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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

et Fludd. Il était évidemment aussi au courant des théories de Mesmer et de ses cures magnétiques. Il connaissait les « Unions désorganisatrices » dont parle Jean Paul dans la Loge invisible, où l’on s’entraînait à l’extase somnambulique. Il s’intéressait à Lavater et a sûrement connu ses Vues sur l’Éternité où le prophète Zurichois racontait les merveilles les plus prodigieuses sur les facultés corporelles et spirituelles de l’homme régénéré, et prévoyait le temps où l’homme, par un simple acte de volonté, deviendrait capable de restaurer des membres perdus, d’organiser des plantes, d’appeler à la vie des animaux ou même des êtres humains ! Dès l’été de 1798, on constatait, dans le cercle de Schlegel, que Novalis avait pris l’aspect d’un visionnaire. « Son visage s’est allongé, écrivait Frédéric à Schleiermacher, et il se dresse comme la Fiancée de Corinthe au-dessus de la couche terrestre. De plus, il a tout à fait le regard d’un visionnaire avec un éclat terne et fixe ».

Nul doute, en définitive, que Hardenberg n’ait étudié avec une curiosité passionnée cet ensemble de phénomènes et de doctrines qui tendent à établir des relations mystérieuses entre l’homme et un monde spirituel supra terrestre. Il n’y a là rien qui puisse nous étonner, puisque nombre de ses contemporains les plus illustres — et je ne parle pas seulement d’exaltés comme Lavater, Jung Stilling,