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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

de base à une édition moderne. Un triage méthodique reste encore à faire. Or, le classement chronologique des fragments semble, pour l’instant du moins, tout à fait incertain. On n’est même pas sûr d’avoir pu faire un départ absolument rigoureux entre les pensées originales et les extraits d’auteurs divers : le dernier éditeur de Novalis confesse bravement que des citations non identifiées peuvent fort bien, aujourd’hui encore, se trouver mélangées aux fragments originaux de Hardenberg. On voit que, dans ces conditions, une étude des Fragments et par conséquent de la pensée de Novalis est, pour l’instant, une entreprise assez hasardeuse et ne peut mener qu’à des résultats quelque peu provisoires.

On peut se demander, d’autre part, si, lorsqu’on tente de grouper ces fragments en un système, en un corps de doctrines on ne risque pas d’altérer ou même de fausser la pensée de l’auteur.

De ce que Novalis n’a jamais écrit que des fragments, on n’a pas le droit, sans doute, de conclure a priori que sa pensée elle-même manquait de cohésion et d’unité. Un philosophe peut écrire en aphorismes tout en pensant d’une manière systématique. Ce fut, croyons-nous, le cas de Nietzsche par exemple, dont la doctrine forme un ensemble beaucoup plus cohérent qu’on ne l’imagine communément et dont on est en droit de reconstruire le