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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

système, parce que ce système a existé virtuellement dans sa pensée. En est-il de même pour Novalis ? Le doute à cet égard est tout au moins permis. Les Fragments ne nous font pas voir du tout une doctrine logiquement ordonnée à la façon de Fichte, mais bien plutôt une philosophie en voie de formation. La pensée de Novalis se développe et se modifie sans cesse, à la suite de ses lectures, de ses correspondances ou de ses conversations avec ses amis romantiques, ou en vertu de son effort personnel de réflexion. C’est ainsi que, pour rappeler en deux mots les phases principales de son évolution, il se montre à nous d’abord comme un idéaliste épris de Platon, de Hemsterhuys, de Fichte, puis comme un naturaliste qui rivalise avec Ritter, Schelling et les philosophes de la nature, enfin comme un mystique qui, avec Schleiermacher et sous l’influence de Jacob Bœhme, élabore une philosophie de la religion. Puis Hardenberg ne philosophe pas seulement avec sa raison, mais encore et surtout avec son cœur et avec son imagination. Il nous apparaît comme un poète infiniment impressionnable, émotif et changeant, associé à un métaphysicien idéaliste, à un homme de science, un théosophe et un mystique chrétien. Le résultat de cette collaboration ne saurait être une construction dogmatique et doctrinale, mais une poussière d’aperçus variés, séduisants, brillants qui ouvrent