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LA JEUNESSE DE NOVALIS

lier pour Horace, dont il traduisit de nombreux fragments en hexamètres allemands.

Vers l’automne de 1790, enfin, il se rend à l’université d’Iéna où il doit faire ses études de droit. Mais il y trouve comme professeurs Reinhold, le vulgarisateur de Kant et surtout Schiller qui excite à ce moment l’enthousiasme le plus profond parmi la jeunesse universitaire. Et aussitôt ses projets de travail régulier s’en vont à vau-l’eau. Schiller incarne désormais à ses yeux, l’idéal de beauté poétique et de beauté morale, de liberté et de pureté qui flottait devant son imagination de jeune homme. « Son regard, écrivait-il plus tard, me prosterna dans la poussière et puis me redressa de nouveau ». Il lui inspire dès le premier moment une confiance absolue et sans limite. Il le tient pour son maître et son guide, et déclare que si jamais il produit une œuvre de valeur c’est à l’inspiration de Schiller qu’il le devra. Et au lieu de piocher son droit, le voilà qui s’adonne à la poésie, compose une petite élégie qui paraît sous ses initiales dans le Mercure allemand, et esquisse même un drame intitulé Kunz de Stauffungen. Son père s’inquiète de le voir ainsi se dissiper ; il s’ouvre de ses préoccupations à un ami d’Iéna. Prévenu par celui-ci, Schiller s’empresse de réparer le mal qu’il a commis sans le vouloir. Il fait venir le jeune étudiant, lui remontre la nécessité de se préparer à une carrière régulière et lui fait sentir l’intérêt su-