Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

établit le contact entre les sens et l’Esprit. Tout ce qui vient de la sphère du Corps nous apparaît comme nécessité : nous subissons les impressions extérieures comme quelque chose de fatal, qui se produit en nous indépendamment de notre volonté et sans que nous puissions y changer quoi que ce soit. La sphère du Corps est ainsi pour Novalis le domaine de la nécessité. En tant qu’Esprits, au contraire, nous sommes souverainement libres, indépendants de toute pression extérieure. C’est ce que Novalis exprime, dans sa phraséologie, en disant que la sphère de l’Esprit est le domaine du miracle. Tout ce qui provient de l’Esprit en vertu de son libre jeu, de son action arbitraire, tout ce qui n’est ni imposé du dehors par une fatalité que nous subissons, ni action calculée en vue d’une fin utilitaire, tout cela est, pour Novalis, « miraculeux ». Miraculeuses par conséquent les mathématiques jaillies à priori et en dehors de toute expérience de l’esprit humain. Miraculeuses toutes les actions morales désintéressées. Miraculeux le pouvoir de la foi. Miraculeux d’une manière générale tout acte libre et en particulier l’acte primordial par lequel le moi « se pose » lui-même dans sa liberté.

Si après avoir considéré l’homme, nous envisageons l’univers, nous retrouvons là aussi le dualisme que nous constations tout à l’heure. D’un côté la Nature, de l’autre l’Esprit. D’un côté le