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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

devenu conscient de son pouvoir magique, sait que par la science, la volonté, la foi, l’amour, le génie artistique, il est lui-même l’artisan de la féérie, qui l’environne, de cette fiction où le vulgaire ne discerne qu’un pouvoir étranger et oppressif.

V

Nous avons jusqu’à présent cherché à comprendre, à la suite de Novalis, comment, à l’intérieur du microcosme humain, se dissipe le mirage dualiste. Nous avons à voir maintenant comment, dans le macrocosme aussi, s’effectue le retour à l’unité.

De la psychologie à la cosmologie la transition est insensible chez Novalis. Le problème de l’univers est, pour lui, le même que le problème du moi. Peu d’hommes ont eu au même degré que lui l’intuition vivante de leur identité dernière avec tout ce qui est, avec le monde de la Nature et celui de l’Esprit, avec Dieu ou l’Unité suprême en qui se confondent la Nature et l’Esprit.

Par son corps l’homme est une parcelle de l’univers matériel ; or, entre notre corps et cet univers, il n’y a pas de séparation rigoureuse pour Novalis. L’un n’est que le prolongement de l’autre. Novalis parlera des « zones de notre corps ». Autour de chaque corps humain, l’univers s’étend à l’infini en une série de cercles concentriques toujours plus