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DOCTRINE RELIGIEUSE DE NOVALIS

Schlegel se détachent de la Réforme par haine du rationalisme et s’en vont finalement chercher l’apaisement de leurs inquiétudes intellectuelles et morales dans la foi stricte et impérative de la Sainte Église catholique et romaine. Sans doute Novalis, dans son aversion pour les déclamations émancipatrices de l’ère des lumières, va aussi loin que possible dans l’admiration pour la discipline catholique. Il approuve le Souverain Pontife, le chef de la chrétienté, de s’être opposé jadis, en sa haute sagesse, « au développement insolent de certaines facultés humaines, ainsi qu’à des découvertes prématurées et dangereuses dans le domaine du savoir ». Il regarde comme une excellente mesure l’interdiction du mariage des prêtres. Il fait une brillante apologie de l’ordre des Jésuites en qui il voit une des plus merveilleuses créations de l’esprit ecclésiastique, une tentative grandiose pour rétablir la papauté dans sa gloire ancienne ; et il prédit que les Jésuites, réfugiés en Russie depuis la dissolution de l’ordre par Clément XIV, continueront certainement leur œuvre et reviendront, peut-être sous un nom différent, dans leur ancienne patrie. Ou bien encore il s’associe, dans ses Cantiques spirituels, à la dévotion catholique pour la Vierge Marie, pour la « Dame de la Chrétienté, sainte et merveilleusement belle » et lui dédie quelques-uns de ses hymnes les plus touchants. Mais rien ne serait plus