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DOCTRINE RELIGIEUSE DE NOVALIS

erroné que de prendre texte de ces passages pour prétendre que Novalis ait incliné, lui aussi, vers le catholicisme romain comme son ami Schlegel et se serait finalement converti à son exemple. Le mysticisme de Novalis plane en réalité au-dessus des divergences confessionnelles. Rien de plus éloigné de sa pensée que le dogmatisme rigoureux et le strict traditionnalisme du catholicisme. Il voit un frère, un « chrétien » comme lui, non pas seulement dans tous ceux qui révèrent comme lui le Christ, mais aussi dans le panthéiste qui choisit librement son médiateur dans l’univers entier, ou plus généralement dans tout homme susceptible d’émotion religieuse, d’enthousiasme pour le Divin. Peu lui importent, dès lors, les formes contingentes sous lesquelles la religion une et éternelle se manifeste en ce monde. La forme extérieure du catholicisme est, aux yeux de Novalis, caduque et périmée. « La vieille papauté, écrivait-il en 1799, est couchée au tombeau et Rome est pour la seconde fois une ruine ». Il ne travaille pas à une restauration des formes religieuses du passé mort. Ses regards sont dirigés vers l’avenir. Il aspire à l’avènement d’une religion universelle ou s’uniraient tous les peuples de la terre, d’une Église universelle où communieraient, sans distinction de nationalité, toutes les âmes éprises de sainteté.

Ce rêve mystique de Novalis n’était pas seule-