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DOCTRINE RELIGIEUSE DE NOVALIS

ment une fantaisie individuelle jaillie du cœur et de l’imagination d’un poète inspiré. Il traduisait des aspirations communes, vers cette époque, à une foule d’âmes religieuses. Il semble bien qu’il y ait eu, à ce moment un élan tout à fait sincère et assez touchant vers un idéal de concorde et d’union spirituelle. De toute part s’affirment ces aspirations iréniques à la fraternité religieuse : chez les piétistes qui rêvent de fonder, au-dessus des confessions particulières une communion universelle des âmes, — chez les Frères Moraves qui cherchent à organiser des groupements « philadelphiques » englobant l’universalité des fidèles du Christ, — chez les Francs-maçons, qui poursuivent l’idée de la régénération morale de l’humanité par le moyen d’une association occulte de penseurs et de philanthropes, — chez les illuminés mystiques qui prophétisent la venue du royaume de Mille ans, — chez les théosophes qui veulent grouper dans le « Temple mystique nouveau » toutes les croyances du passé, — chez les représentants de l’idéalisme philosophique qui travaillent à établir un compromis entre la foi et la science, — chez un Fichte qui veut unir dans son christianisme johannitique les chrétiens de toute confession, — chez un Schleiermacher qui, par delà les Églises visibles, rêve une « cité de Dieu », patrie de toutes les âmes religieuses, république sacerdotale où chacun est à son