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DOCTRINE RELIGIEUSE DE NOVALIS

tour chef et sujet, prêtre et fidèle. D’une façon générale les premières années du xixe siècle apparaissent comme une époque de transition où s’annonce un renouveau de foi religieuse, mais où subsiste encore cet esprit de large tolérance qui animait les grands représentants de l’ère des lumières. Fortement imprégnée de rationalisme et de culture classique, éprise de l’idéalisme kantien et du néo-hellénisme de Goethe et Schiller, l’Allemagne est profondément attachée à la foi chrétienne mais sans bigoterie ni fanatisme. La reine Louise que la nation révère à l’égal d’une sainte et comme le type idéal de la femme chrétienne cherche une consolation, aux heures de détresse, non seulement dans la Bible mais aussi dans les œuvres du « grand païen » Gœthe. Les représentants les plus illustres de l’époque, un Stein, un Scharnhort ou un Gneisenau, un Arndt, un Kœrner ou un Schenkendorf, sont des chrétiens convaincus ; mais leur piété n’a rien d’ascétique et se concilie le mieux du monde avec l’effort vers la haute culture ou avec l’action virile. Dans les ouvrages de piété de l’époque, la polémique et la dogmatique passent au second plan : c’est la personnalité et la religion de Jésus que l’on tâche de mettre en lumière ; et à cet égard il n’y a presque plus de divergences entre des catholiques comme Wessenberg ou Sailer, des supranaturalistes comme Storr, des rationalistes comme Gonz